Ma p'tite Mimi

Ecrite en 1915 par Théodore Botrel sur l'air de "Ma petite Tonkinoise", cette chanson est destinée aux mitrailleurs de 14-18. 

 

Inventée en 1884, la mitrailleuse automatique constituait une arme défensive dont la puissance de feu avait mal été évaluée. Certains chefs militaires lancèrent des compagnies de fantassins contre les mitrailleuses allemandes, bien retranchées derrière des rideaux de barbelés. 

L'hommage rendu par l'auteur à cette arme peut sembler étrange, mais dans l'esprit du combattant, exposé à un danger extrême, fantassin et mitrailleuse formaient un véritable couple.

 

A la guerre, on n'peut guère

Trouver où placer son cœur

Et vivre ainsi sans p'tite femme

Quand l'aut' semaine j'eus la veine

D'être nommé mitrailleur

Ma mitrailleuse, ô mon bonheur

Devint pour moi l'âme soeur.

 

Refrain

Quand elle chante à sa manière

Taratata, taratata, taratatère

Ah que son refrain m'enchante, 

C'est comme un zoiseau qui chante

Je l'appelle La Glorieuse

Ma p'tite Mimi, ma p'tite Mimi, ma mitrailleuse

Rosalie m'fait les doux yeux

Mais c'est elle que j'aime le mieux.

 

Plein d'adresse, je la graisse

Je l'astique et la polis

De sa culasse jolie

A sa p'tite gueu-gueule chérie

Puis habile, j'la défile

Et tendrement, je lui dis

"Jusqu'au bout restons unis

Pour le salut du pays."

 

Quand les Boches nous approchent, 

Nous commençons le concert. 

Après un bon démarrage, 

Nous précipitons l'fauchage

Comme des mouches, je vous couche

Tous les soldats du Kaiser

Le nez dans nos fils de fer, 

Ou les quatre fers en l'air.

 

Mais tout passe, et tout lasse, 

Même la guerre et l'un d'ces jours

Ou bien l'une de ces années

Elle sera terminée.

Alors vite, l'on se quitte

Glorieuse ô mes amours

Nous devrons à notre tour,

Nous séparer pour toujours.

 

Dernier refrain

Après une salve dernière, 

Taratata, taratata, taratatère

En te voyant rendormie

Je te dirai : "Chère amie

Fais dodo ma Glorieuse

Ma p'tite Mimi, ma p'tite Mimi, ma mitrailleuse

Et tes pleurs mouilleront mes yeux, 

En te faisant mes adieux."