Cimetières militaires et nécropoles nationales

La France compte 265 nécropoles nationales, où reposent 740 000 corps de militaires Morts pour la France durant les deux guerres mondiales, dont 240 000 dans les ossuaires ; 88 % sont des combattants de la Grande Guerre.

L'Etat français assure la garde et l'entretien de ces sépultures perpétuelles.

A ces nécropoles s'ajoutent 2 000 carrés militaires dans les cimetières communaux, rassemblant au total 115 000 corps.

De 1930 à 1936, l'aménagement définitif a permis la réalisation des portails, des monuments-ossuaires, de la pose du mât des couleurs, du remplacements des emblèmes en bois par de nouveaux emblèmes en béton résistant mieux aux intempéries - croix ou stèles musulmanes, israélites ou libre-penseurs.


Dès les premières semaines, marquées par de vastes mouvements des armées en Belgique et en France, la Première Guerre mondiale se révèle meurtrière dans des proportions inédites : pour la seule journée du 22 août 1914, on estime que 27 000 hommes ont été tués ! 

D'août à décembre 1914, l'armée allemande compte déjà 142 000 morts, soit plus de trois fois le nombre enregistré pendant la guerre de 1870-1871. 

Pour la même période, les Français ont près de 300 000 tués. 

Dès le début du conflit, le principe de la tombe individuelle, utilisé par les Anglais depuis la guerre des Boers (1899-1902), est repris par les Allemands. Elle est surmontée d'un emblème indiquant l'identité du défunt et sa confession. Les sépultures communes sont réservées aux restes mortels qui ne peuvent être identifiés ou dissociés, par exemple pour un groupe tué par un même obus. 

En revanche, la fosse commune reste la norme pour les Français. Le général Joffre donne des consignes pour des inhumations en fosses communes contenant jusqu'à 100 corps. Chez les Britanniques, le nombre maximal est fixé à 6, tête-bêche. 

Cette pratique officielle est rapidement contestée par les soldats eux-mêmes qui prennent l'habitude d'inhumer leurs camarades dans des tombes individuelles.

Avec la guerre de 1914-1918, les belligérants développent des pratiques d'inhumation plus soucieuses de l'individualité du soldat, qui porte désormais une plaque d'identité permettant de l'identifier.

Une loi de 1915 entérine le fait que la sépulture devient individuelle. Son entretien est confié à l'Etat à perpétuité. 

Mais ces cimetières sont surtout les premiers de la guerre moderne.

Avant 1914, le soldat n'avait droit qu'à la fosse commune, son nom n'était inscrit nulle part ; sous l'Arc de Triomphe, il n'y a que les généraux ; à Waterloo, il n'y a pas de tombes. 

C'est un tournant important. Après 1914, tous les pays auront leurs grands cimetières de soldats. 

Les combats de la Première Guerre mondiale font tant de victimes que des cimetières provisoires avec tombes individuelles et ossuaires sont donc créés à proximité du front. Ils regroupent les corps d'une portion du champ de bataille et sont généralement aménagés près des postes de secours, près des tranchées.

Des carrés militaires sont également créés dans les cimetières des communes proches du front, de simples croix de bois signalent les tombes.

Bon nombre des morts sont déclarés "inconnus" faute de pouvoir établir leur identité à partir de leurs effets personnels.

A l'issue de la guerre, les différents pays alliés procèdent au regroupement des sépultures dispersées, à la recherche des corps sur les champs de bataille, à l'aménagement des cimetières de guerre, et pour certains à la restitution des corps aux familles. 

Les dépouilles des cimetières provisoires sont transférées dans des cimetières militaires par nationalité, créés selon les conceptions architecturales et paysagères spécifiques. Des monuments commémoratifs propices à l'organisation de cérémonies du souvenir y sont bâtis. 

En vertu des principes adoptés après 1870, la France prend en charge les tombes des soldats allemands inhumés sur son territoire. 

A partir de l'automne 1914, la Première Guerre mondiale est une guerre de l'artillerie, dispensatrice de mort anonyme et impersonnelle. C'est elle qui cause l'essentiel des morts - environ les deux tiers - et des blessures subies. En outre, la puissance et la fréquence des salves bouleversent la surface du champ de bataille, disloquent ou enterrent un grand nombre de cadavres, avant même qu'il n'aient pu être récupérés.

C'est ce qu'observe Ernst Jünger, dans Orages d'Acier : "Ce champ de bataille labouré était horrible. Les défenseurs morts gisaient parmi les vivants... Nous nous aperçûmes qu'ils étaient entassés par couches les uns au-dessus des autres. Les compagnies qui avaient tenu bon sous le pilonnage avaient été fauchées l'une après l'autre, puis les cadavres avaient été ensevelis par les masses de la terre que faisaient jaillir les obus, et la relève avait pris la place des morts."

On retrouve un constat identique dans les carnets du Poilu Paul Truffau : "C'est de la boue et du cadavre. Oui, du cadavre. Les vieux morts des combats de l'automne, qu'on avait enterrés sommairement dans le parapet, réapparaissent par morceaux dans l'éboulement des terres."


Verdun - Douaumont : 

Dans ce secteur, pendant près de dix mois, de février à décembre 1916, les trois quarts de l'armée française et quarante divisions allemandes s'affrontèrent au cours de combats acharnés qui causèrent la mort de près de 300 000 soldats.

L'ossuaire de Douaumont regroupe les restes mortels de plus de 130 000 soldats tués à Verdun et dont les corps n'ont pu être identifiés. Sa construction a été lancée en 1923, sous l'impulsion de l'évêque de Verdun qui souhaitait donner à ces hommes une sépulture digne.

Après neuf années de travaux, l'ossuaire est inauguré en 1932 par le président Albert Lebrun, que déclare en présence d'une foule innombrable : "C'est ici le cimetière de la France."