Si durant le conflit les hommes sont les héros du front , les femmes sont les héroïnes de l'arrière. Elles prennent une part active à l'effort de guerre, entrant dans le monde du travail, occupant au sein du système de production les places laissées vacantes par les hommes mobilisés. Que ce soit non loin des tranchées, où elles soignent les blessés dans les hôpitaux militaires, à la campagne, où elles assurent la gestion des fermes et des cultures, à l'usine, où elles assemblent les munitions, ou encore en ville, où elles conduisent les tramways et tenu les commerces... Elles acquièrent des responsabilités et une autonomie nouvelle, qui nourrissent un désir d'émancipation.

Dans le tertiaire, les femmes conductrices de véhicule, employées de bureau, guichetières dans les banques, commis d'administrations, factrices... sont de plus en plus nombreuses.


En France, l'année 1919 marque pour les femmes une sorte de "retour à la normale", alors que leur poids démographique comme leur rôle économique n'ont jamais été aussi importants dans la société. De retour de guerre, les conventions sociale permettent aux  hommes de retrouver leurs places dans les usines, évinçant ainsi les femmes, à qui l'on demande de regagner le foyer familial afin d'élever des enfants. Seules les veuves chargées d'orphelins sont traitées avec plus de douceur.

La création du baccalauréat féminin en 1919, puis d'un baccalauréat identique pour les deux sexes, doit favoriser l'accès aux études et aux activités qui jusqu'alors leur étaient impossibles. Bien des écoles, bien des professions restent encore fermées aux femmes, et les seules femmes qui peuvent accéder aux études sont essentiellement issues de catégories privilégiées.

A cette période, s'il y a bien une évolution de l'emploi féminin et un début d'émancipation sociale, il n'y a pas de révolution.

Des couturiers, comme Poiret, libèrent les corps du corset, créent des vêtements fluides, des robes courtes, pour faciliter les mouvements. Les cheveux courts, la coupe à "la garçonne" - titre d'un roman de Victor Margueritte, qui fait scandale lors de sa parution en 1922 - achèvent cette métamorphose. Mais beaucoup y voient surtout une décadence.


Cependant, "la garçonne" reste un mythe, et les femmes sont invitées à rentrer chez elles, dans la droite lignée de la politique nataliste de ce début de décennie, qui rappelle que le devoir d'une femme est de donner des enfants à la France.

De plus, ce début d'évolution ne s'accompagne pas encore de droits civiques : alors qu'en Grande-Bretagne le droit de vote est accordé aux femmes en 1918, les militantes françaises n'obtiennent toujours pas gain de cause, et bien des écoles, bien des professions restent encore fermées aux femmes. 

 

Le 20 mai 1919 pourtant, la Chambre des Députés adopte pour la première fois une proposition de loi instaurant le vote des femmes aux élections locales, proposition finalement rejetée par le Sénat en 1922. Ce schéma se reproduira à quatre reprises en 1925, 1927, 1932 et 1935.

Pour les différents mouvements de suffragettes, les élections locales ou nationales deviennent l'occasion de grandes campagnes de propagande qui prennent de multiples formes : pétitions, campagnes de presse, tracts, affiches, votes, élections "parallèles" comme aux municipales de 1925 à Paris, ou de 1935 dans tout le pays.


Il faudra attendre avril 1945 pour que les femmes votent enfin aux élections municipales, et octobre 1945 pour qu'elles accèdent à un scrutin national : 33 femmes sont alors élues membres de l'Assemblée nationale constituante (17 communistes, 6 socialistes, 9 MRP - Mouvement Républicain Populaire -, 1 PRL - Parti Républicain de la Liberté).